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et de l’eau à boire, s’il avait soif. J’aime mieux qu’il meure ainsi que de le savoir assommé par Norine avec une trique, dit Louise. Il ne souffre plus, du reste, il ne m’a même pas reconnue, le pauvre mimi, il est tout roide !

— Allons, nous sommes prêts, cria l’oncle, en empilant dans la voiture les valises et les malles ; — alors, en route ! et ils cahotèrent, jetés les uns contre les autres, dans cette dure charrette dont les roues sautaient à chaque pierre.

Assis au fond, sur un tas de foin, Jacques examinait ces paysans qu’il espérait ne jamais revoir.

— Ils me consolent de quitter cette misérable rade où j’étais presque à l’abri, pensait-il, car, canailles pour canailles, je préfère tout de même en fréquenter de plus acérées, et de plus souples.

— Dis donc, mon neveu ?

— Quoi, ma tante ?

— Si t’avais, toi ou Louise, des vêtements qui te servent plus, on en ferait ici ses habits des dimanches !

— Ils en manquent ben des vieux vêtements ! dit l’oncle.

Jacques, harassé, promit tout ce qu’ils voulurent.

— Que nous penserons souvent à vous encore !

— Et nous donc !