Page:Huysmans - En rade.djvu/245

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— En voilà assez, se dit-il, en se rebiffant contre elles. Il toussa légèrement.

— Tu dors ? — Il s’adressait à sa femme, car il espérait maintenant que le bruit des paroles dissiperait les cauchemars éveillés qui le hantaient.

— Non, fit-elle d’une voix sourde.

Alors il jasa pour lui seul, se perdit en de futiles digressions sur les paquets à faire, annotant les objets qu’il fallait emporter, s’inquiétant de la capacité des malles, tâchant de gagner, en quelque sorte, du temps sur la nuit ; mais ses lèvres proféraient des sons mécaniques, marchaient seules, sans que sa pensée les dirigeât, car elle était quand même retournée sur ses pas et avait retrouvé les traces du chemin que ces subterfuges avaient vainement tenté de lui faire perdre.

Il finit cependant par se taire, par s’alourdir. S’il ne s’endormit pas complètement, il perdit du moins la notion de ses maux.

Réveillé brusquement, dès l’aube, il revécut la nuit en une seconde et sauta du lit.

Et le chat ? Il le vit, immobile, écrasé, sur le jupon, l’appela à voix basse. L’animal ne bougea aucun membre, mais des sillages coururent aussitôt le long de ses poils.

— Ma femme a raison, il faudrait avoir le courage de l’achever, se dit-il ; la pitié s’insinuait en