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maladroites, que cette hâte à vouloir dissuader était presque un aveu, que ce besoin pressant de discuter et de convaincre révélait clairement l’authenticité de ses craintes. Il s’irrita contre lui-même, puis contre ce chat qui était l’involontaire cause de ces angoisses. Eh ! qu’il crève ! se dit-il. Puis il se fit la réflexion qu’il était bien inutile que Louise s’attristât à contempler l’agonie de cette bête.

— Voyons, il est tard, nous ne pouvons cependant, pour cet animal, passer une nuit blanche, surtout si nous partons demain. Le plus simple, ce serait, je crois, de l’emmailloter dans le jupon et de le porter dans la cuisine.

Mais il se heurta à la volonté têtue de sa femme qui s’indigna et le traita de sans-cœur.

Il se renfonça sous les couvertures en maugréant. Il n’avait plus qu’un désir maintenant, c’est que ce chat mourût. Au fond, il n’est pas à moi, nous ne le connaissons pas, se dit-il, pour excuser un peu l’égoïsme de ses souhaits ; ah ! et puis, nous prenons l’express dans quelques heures ; il est vraiment temps que cela finisse !

Le chat ne remuait plus. Louise agenouillée lui regardait les yeux, des yeux mornes, dont l’eau dépouillée de ses pépites, bleuissait comme glacée par un grand froid.