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autres, ses quatre pieds, et sonda, d’un œil indifférent, la cour.

L’oncle s’approcha de la Barrée et lui releva la queue. Sans se presser, le taureau fit un pas, sentit le derrière de la vache, donna rapidement un coup de langue et ne remua plus.

Alors François s’élança avec son manche de fouet.

— Salaud, carcan, t’es donc bon à faire un pot-au-feu ! gueulait de son côté l’oncle Antoine, en cognant à tour de bras sur la bête avec sa canne.

Et, soudain le taureau s’enleva lourdement et enjamba maladroitement la vache. L’oncle lâcha sa canne, se précipita sur la Barrée dont il aplatit le dos avec ses mains tandis que du bouquet de poils jaillissait sous le taureau quelque chose de rouge et de biscornu, de mince et de long qui frappait la vache. Et ce fut tout ; sans un halètement, sans un cri, sans un spasme, le taureau retomba sur ses pattes et, tiré par son câble, rentra dans l’étable, pendant que la Barrée qui n’avait éprouvé aucune secousse, qui n’avait pas même exhalé un souffle, s’allégeait de peur, regardant, effarée, comme avec des yeux bouillis, autour d’elle.

— C’est tout cela ! ne put s’empêcher de s’exclamer Jacques. La scène n’avait pas duré cinq minutes.