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Phal qui possédait également un château dans le voisinage, à Saint-Loup ; elle était enterrée derrière l’église, mais les tombes étaient abandonnées et les descendants de cette lignée, en admettant qu’ils existassent, n’avaient jamais reparu dans le pays ; depuis quatre-vingts ans le château avait été dépecé de ses futaies et de ses terres achetées par les paysans, vendu tel quel à des gens de Paris qui ne s’étaient jamais décidés à le réparer et s’efforçaient constamment de le revendre. En raison de son délabrement et du manque d’eau, personne ne consentait plus maintenant à l’acquérir. La dernière mise à prix, à la chandelle, de vingt mille francs, n’avait pas même été couverte.

Ou bien le père Antoine parlait de la guerre de 1870, racontait les fraternelles relations des paysans et des Prussiens. — Oui-da, mon neveu, ils étaient ben gentils, ces gas-là que j’ai logés ; jamais un mot plus haut que l’autre et des hommes qu’avaient du sang ! Quand ils ont dû marcher vers Paris, ils pleuraient, disant : Papa Antoine, nous capout, capout ! — puis, qu’ils avaient pas leurs pareils pour soigner le bestial !

— Alors vous n’avez pas souffert de l’invasion ? demanda Jacques.

— Mais non… mais non… Les Prussiens ils payaient tant qu’ils prenaient ; à preuve que Pari-