Page:Huysmans - En rade.djvu/185

Cette page a été validée par deux contributeurs.

étaient d’un deuil uniforme et le sol semblait en terre battue de suie ; d’ailleurs, la lanterne éclairait trop mal pour qu’il pût examiner attentivement la soudure des moellons et vérifier les patines des pierres.

Somme toute, il avait cru découvrir des corridors immenses, des souterrains à perte de vue ; tout était clos.

— Mais, sans doute, mon neveu, qu’il y a des souterrains et ils sont bien connus dans le pays. Je compte qu’ils vont tant qu’à Séveille, le village qu’est à une portée de fusil loin de Savin. On dit aussi qu’ils emmènent sous l’église ; oh ! c’est bouché depuis tant d’ans qu’on ne sait plus…

— Si nous les débouchions ? proposa Jacques.

— Hein ! quoi ? mais t’es donc fou, mon homme, pourquoi donc faire, que je te demande ?

— Vous trouveriez peut-être des trésors enfouis sous les dalles, reprit Jacques d’un ton sérieux.

— Eh là !… eh là !… et le père Antoine se gratta la tête ; ça se pourrait ben, tout de même. J’en ai eu quelquefois l’idée ; mais d’abord, le propriétaire, il voudrait pas ; et puis, que ni moi ni personne, dans le pays, nous serions assez simples pour y descendre. Non, il y a des airs coléreux là dedans qui suffoquent, reprit-il, après un silence, comme pour s’affermir dans son opinion.