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et lui donnant, par amitié, contre les joues, de grands coups de tête.

La pluie persista. Jacques se promena derechef au travers de la bâtisse. Il retourna dans la chambre à coucher de la marquise, essaya de s’évader de l’ennui présent, en se reculant d’un siècle, mais il suffit que ce désir lui vînt pour que l’impossibilité de le satisfaire se montrât ; d’ailleurs les sensations qu’il avait éprouvées la première fois qu’il pénétra dans cette pièce ne se renouvelèrent point. L’odeur d’éther qui l’avait si spécieusement enivré lorsqu’il ouvrit une porte, avait depuis longtemps disparu. Aucune idée galante ne pouvait plus s’insinuer de ce taudis dont la décomposition s’accélérait dans la hâtive pourriture d’une saison tournée. Il ferma la chambre, décidé à ne jamais plus la visiter et las des autres pièces, il se résolut à explorer les caves.

Il emprunta une lanterne à l’oncle Antoine qui poussa de hauts cris, déclarant que cela portait malheur d’entrer sous ce château. Énergiquement il refusa de suivre Jacques qui combattit seul, contre une porte dont la serrure griffait, à chaque secousse. Il finit par la démonter à coups d’épaules et à coups de pieds, se trouva en face d’un escalier qui n’en finissait plus, sous une voûte massive, tendue par des toiles d’araignées de voiles déchirés