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loin la plaine, fondant les buttes, gâchant les routes.

La coque du château vide chantait sous les averses ; parfois même de longs glouglous s’entendaient dans l’escalier dont les marches formaient cascade ou bien un bruit de cavalerie en marche ébranlait les dalles des corridors sur lesquelles les gouttières effondrées versaient des paquets d’eau.

La campagne était sinistre ; sous un ciel gris, très bas, des nuages pareils à des fumées d’incendie fuyaient en hâte et s’écrêpaient sur des côtes lointaines dont les caillasses dégoulinaient dans des flots de boue. Parfois des rafales hurlaient qui secouaient le bois en face, entouraient le vacarme interne du château d’un bruit mugissant de vagues ; et les arbres pliés rebondissaient, criaient sous la chaîne des lierres, tendus comme des cordages, se déchevelaient, perdant leurs feuilles qui volaient, ainsi que des oiseaux, à tire-d’aile, au-dessus des cimes.

Il devenait de plus en plus impossible de mettre, sans s’enliser, les pieds dehors. Jacques s’abattit dans un affreux marasme, atteignit du coup la midi de son spleen. Dans ce complet désarroi, sa femme ne lui fut d’aucun secours ; elle le gêna même, car leurs relations étaient sans franchise