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campagne ne profite pas à Louise. Elle est constamment enfermée et ne veut pas sortir ; enfin le côté sinistre de ce château agit évidemment sur elle…

Et lui-même, depuis que l’ennui de la campagne s’affirmait, se sentait repris par ce malaise vague, par cette confuse transe qui l’avaient si violemment ployé, dès son arrivée à Lourps.

Ce fait existait. Une fois reposé des fatigues du voyage et accoutumé à une nouvelle vie, l’instinctive répulsion qu’il avait éprouvée pour le château s’était tue. Les bruits nocturnes qui emplissaient cette ruine, ces batailles d’oiseaux qu’on entendait distinctement, aux étages supérieurs, dans la nuit des pièces, ces grondements du vent qui balayait les couloirs, jouait de l’harmonica par les fentes des carreaux et maniait le sifflet d’alarme sous les portes, il ne les percevait plus. Il dormait, réveillé seulement de temps à autre, prêtant l’oreille aux battues braconnières du bois, aux cris des hiboux qui hululaient en face.

Mais ce n’était qu’une sensation agacée, inquiète, sans crainte positive, sans terreur vraie ; il se rendormait indifférent, en somme, à ces périls dont la menace ne lui apparaissait plus.

Et un autre fait se produisait. L’assoupissement que lui versait le grand air avait engourdi cette