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VII


La feuillette tant attendue arriva, un soir. Jacques apprit cette nouvelle, le lendemain, par la tante Norine qui, d’un air contraint, presque sournois, l’avertit que l’oncle Antoine achevait de mettre le vin en bouteilles.

— Mâtin ! il n’a pas perdu de temps, s’écria Jacques.

— Quoi donc qu’il aurait fait, mon cher garçon, c’est-il donc pas pour que vous, qui n’avez point de litres, vous ayez plus tôt votre part : on la laissera dans le tonneau qu’Antoine apportera sans plus qu’il tarde.

Jacques et Louise voulurent goûter le vin. Ils se rendirent chez l’oncle qu’ils trouvèrent très affairé, bredouillant tout seul, vantant l’excellence de son cocheri, racontant que la pièce venait de Sens, affirmant que c’était du ben bon boire.

Devant ces sauts capricants de parole et la gêne des vieux, Jacques eut l’immédiate perception qu’on le filoutait.