pects et les viandes blanchirent, épuisées par l’audacieux soutirage d’un sang vendu à part.
La cuisine fut, tout à la fois, coûteuse et sordide ; comme secouée par une inépuisable chorée, l’anse du panier dansa et cette tarentule s’étendit aux fournisseurs ; le charbonnier adultéra ses poids et rétrécit ses sacs, le frotteur ne patina plus qu’indolemment sur les parquets privés de cire, la blanchisseuse usa des stratagèmes employés par ses pareilles, massacra le linge, l’échangea, oublia de l’apporter, le perdit, embrouilla les mouchoirs et les comptes, recourut à d’astucieux pliages pour cacher les plaies du chlore et les trous du fer.
Louise se sentait sans force pour réagir, arrivait au va-comme-je-te-pousse, épouvantée à l’idée de tenter un effort, de hasarder des observations, d’entamer une lutte ; et ce désarroi la rongeait pourtant tel qu’un remords, troublait ses nuits, aggravait par son aiguillante continuité la maladie des nerfs.
Elle s’épuisa dans cette lutte intime, se commanda sans pouvoir s’obéir, finit, découragée, par se cacher ainsi qu’un enfant la tête, voulant s’imaginer que les dols n’existaient plus depuis qu’elle se fermait les yeux pour ne pas les voir.
Jacques n’avait pas été sans se plaindre de cette débâcle, mais la figure navrée de sa femme, la