sen laissant à leur gauche le Marais du Sommeil, teinté de jaune comme une mare coagulée de bile et la Mer des Crises, un plateau concréfié de boue, du verdâtre laiteux des jades.
Ils escaladèrent des talus escarpés et s’assirent.
Alors un extraordinaire spectacle se déroula devant eux.
À perte de vue, une mer furieuse roulait des vagues hautes comme des cathédrales et muettes. Partout des cataractes de bave caillée, des avalanches pétrifiées de flots, des torrents de clameurs aphones, toute une exaspération de tempête tassée, anesthésiée d’un geste.
Cela s’étendait si loin que l’œil dérouté perdait les mesures, accumulait des lieues sur des lieues, sans à peu près possible de distance et de temps.
Ici, de sédentaires maelstroms se creusaient en d’immobiles spirales qui descendaient en d’incomblables gouffres en léthargie ; là, des nappes indéterminées d’écume, de convulsifs Niagaras, d’exterminatrices colonnes d’eau surplombaient des abîmes, aux mugissements endormis, aux bonds paralysés, aux vortex perclus et sourds.
Il réfléchissait, se demandant à la suite de quels cataclysmes ces ouragans s’étaient congelés, ces cratères s’étaient éteints ? à la suite de quelle formidable compression d’ovaires avait été enrayé le