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jusqu’à l’évasement des hanches et, très affairée, elle modifiait encore, à vue de nez, son plan, méditait sur les endroits dévolus pour les boutonnières.

— Voilà qui est terminé, dit-elle, en ôtant avec précaution son moule et elle l’étala de nouveau sur la table, enleva les épingles qu’elle y avait fichées comme points de repère et se mit à opérer silencieusement ses retouches.

Neuf heures sonnèrent.

— Justine, reprit à son tour monsieur Désableau, il est l’heure d’aller te coucher, mon enfant.

La petite rechignait, mais ses parents furent inflexibles. Madame Désableau alluma un bougeoir, prit la palette de couleurs, le verre d’eau sale et les emporta dans sa chambre. Pour gagner du temps, Justine embrassait longuement son père et Berthe, leur posait des questions, lambinait à la recherche d’un ruban égaré sous la table. Sa mère l’empoigna et, la poussant devant elle malgré ses trépignements, elle referma la porte.

Alors Désableau releva un peu la tête, fixa son pince-nez et, faisant claquer entre ses doigts le paquet de cartes, il se tourna vers sa nièce et lui dit :

— Maintenant que Justine est couchée, causons. J’ai reçu une lettre de Me Saparois qui m’invitait à me présenter à son étude. Je vais te résumer la conversation que nous avons eue ensemble.

Ton mari qui, dans l’espèce, a, paraît-il, tous les droits, serait heureux d’éviter le scandale des tribunaux et des affiches ; aussi ne formera-t-il pas une