Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/75

Cette page n’a pas encore été corrigée

hommes se frottèrent les doigts au-dessus du pétrin et, saisissant les litres, ils burent à outrance, la tête renversée, la pomme d’Adam sautant, affolée, dans la peau du cou.

D’un mouvement brusque, ils se jetèrent en avant, retirèrent le goulot de leurs lèvres, et de chaque côté de la bouche des rigoles coulèrent, s'épaississant à mesure qu’elles s’empoicraient dans les tournants poudreux du menton.

Ah ! je le reconnaissais, ton type de larron et d’ivrogne, Watteau ! je le retrouvais enfin, ce sacripant et ce goinfre, mais ce ne fut vraiment lui que pendant quelques secondes. Le glouglou harmonieux des gorges prit fin. Les bouteilles étaient vides, les hommes reprirent leur besogne acharnée dans le fournil.

L’un d’eux modela la pâte et l’autre l’enfourna dans un vaisseau de brique dont la gueule, grande ouverte, rougeoyait comme un incendie, avec son bûcher de bouleaux en flammes.

Ô pierrots harassés, geindres ! Vous, qui, à l’heure où les noirs fifis s’apprêtent à pomper dans les fosses, vous qui à cet instant solennel où les uns crochètent les portes des autres, et où les autres achètent à beaux deniers la maîtresse des uns, suez, rognonnez et soufflez ; commencez votre chant de guerre et vos danses de cannibales autour du pétrin qui crie ! Bâfrez, hurlez comme des loups et buvez