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L’AMBULANTE

Le vice a pour elle comme pour les autres rempli sa tâche coutumière. Il a affiné et rendu désirable la laideur effrontée de son visage. Sans rien perdre de la grâce faubourienne de son origine, la fille est devenue avec ses parures emphatiques et ses charmes audacieusement travaillés par les pâtes, apéritive et tentante pour les appétits blasés, pour les sens alentis qu’émoustillent seulement les véhémences des maquillages et les tumultes des robes à grand spectacle.

Elle a atteint à cette distinction dans le canaille si délicieuse chez les filles décrassées du peuple. La souillon a perdu son hâle et son faguenas de pauvresse sale ; alors la cendre des conchas remplace le culot des pipes, le verre en tulipe, le godet, les bouteilles de hauts crus, veloutées de poussière, les grossiers litrons de picolo et de vin bleu, la couchette de fer se change en un large lit capitonné et plafonné d’étoffes et de glaces, l’ambulante éblouit