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forcenés répondaient en même temps que roulait sur le plancher un bruit lourd de bottes. Les escadrons de la cavalerie s’ébranlaient et chargeaient, les bras en avant, les filles. Ce fut une foison de tuniques et de robes, une cohue de rouge, de noir et de blanc, un remous de corps où des bras nus s’apercevaient enlacés aux cous des cuirassiers dont les nuques tondues dominaient encore les panaches et les plumes. Le couloir où s’entassait la cavalerie disparut dans un nuage de poussière d’où s’échappait un ronflement de machine en chauffe ; puis cette trépidation de la salle cessa, couverte par l’ouragan d’un quadrille.

— Quelle fumée, on ne se voit plus ! fit Mme Tampois, pour sûr, demain, je vas moucher noir.

— Et quel vacarme ! dit Mme Haumont en se bouchant les oreilles.

Sans s’occuper des charges de la cavalerie, les régiments de l’Intendance donnaient à leur tour l’assaut et enlevaient par la taille les tabatières. À l’écart, Ninie s’attachait avec des épingles son pantalon dont la fente bâillait et de larges plaques de sueur couraient sous ses dessous de bras et gagnaient sa gorge. À la violente odeur de crottin et de graisse rance s’échappant des vêtements remués de la cavalerie, se mêlaient maintenant le pestilentiel bouquet des godillots tièdes et des bottes chaudes, le fétide parfum des aisselles négligées et des bas fards.