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blanches, s’agitait, jetant des bras bleus au ciel, lançant sur le plancher des jambes rouges ; ceux-ci nu-tête, le crâne ras et trempé de sueur, simulaient les branches de ciseaux qu’on ouvre et qu’on referme, avec leurs jambes ; ceux-là, le képi écrasé sur la nuque, se déhanchaient en tenant avec deux doigts, ainsi que des danseuses qui pincent leurs jupes, les basques de leur capote ; d’autres encore, la main sur le ventre, semblaient moudre du café ou tourner une manivelle, pendant qu’esquissant un cavalier seul, bondissait un infirmier dont les tibias se contournaient comme des manches de veste et dont les bras tordus et les poings crispés paraissaient vouloir déboucher le parquet comme une bouteille.

Les femmes étaient, pour la plupart, moins lancées et plus calmes. Presque toutes sautaient convenablement, exhibant des tournures de mijaurées, sortant en même temps que leur robe de fête, une distinction endimanchée que maintenait la présence des parents assis sur des bancs de bois, contre le mur.

Quelques-unes, bien mises, parées de prétentieux bijoux, avaient conservé l’ancienne élégance des tabatières du Gros-Caillou dont elles faisaient partie ; elles étalaient de longs gants à huit boutons, achetés quinze sous chez le dégraisseur et deux d’entre elles, serrées dans des costumes de cachemire de l’Inde, d’un noir mat, avec colliers de jais pleuvant