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bonne d’enfant, à Paris, dans une famille bourgeoise qui la laissait à peu près mourir de faim.

Par hasard Jules la rencontra ; il s’amouracha de cette belle fille fraîche, qui témoignait, à défaut d’éducation, d’un caractère aimant et d’un certain tact. Habituée aux rebuffades, elle s’éprit à son tour de ce jeune homme timide et un peu gauche qui la dorlotait au lieu de la commander ; joyeusement, elle accepta la proposition de vivre avec lui. Leur ménage n’avait cessé d’être heureux ; elle, attentive à plaire à son amant, se dégrossissait, abandonnait peu à peu la quiétude de ses pataquès, savait à propos se taire ; lui, qui détestait les bals, les cafés, les filles délurées devant lesquelles il perdait toute contenance, était satisfait de rester dans sa chambre près d’une femme dont la douceur un peu moutonnière l’enhardissait, en le mettant à l’aise, puis le jour était venu où elle s’était sentie enceinte, et l’enfant avait été bravement accepté par Jules, flatté à son âge de contracter déjà de sérieuses charges.

Tout à coup, sans qu’on sût comment, le jeune homme était tombé gravement malade. Alors le gai train-train de la vie commune avait cessé. En sus des inquiétudes, des,tourments que lui inspirait cette maladie, la probable arrivée du père de Jules l’épouvantait. Elle s’était ingéniée à retarder sinon à parer cette menace ; comme son amant envoyait