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ses yeux fauves vantés par M. Lambois étaient déserts ; aucune signification précise ne pouvait être assignée à leur éclat.

Tout en dépliant des liasses de lettres, Maître Le Ponsart réfléchissait. Le peu de bienveillance qu’il avait pu apporter avec la fin d’une heureuse digestion disparaissait. C’était, au demeurant, une souillon que cette fille ! bien bâtie, mais plutôt maigre que grasse, elle était vêtue d’un caraco de flanelle grise, à raies marron, d’un tablier bleu, de bas de filoselle, emmanchés dans des savates aux quartiers rabattus et écrasés par le talon.

L’indulgence instinctive qu’il eût éprouvée pour la femme qu’il s’était imaginée, pour une belle drôlesse grassouillette et fosselue, chaussée de bas de soie et de mules de satin, sentant la venaison et la poudre fine, avait fait place à l’indifférence, même au mépris. Bon Dieu ! que ce pauvre Jules etait donc jeune ! se disait-il, en guise de conclusion. Subitement l’idée qu’elle était enceinte lui traversa d’un jet la cervelle.

Il mit ses lunettes qu’en vieux barbon il avait fait disparaître alors qu’il pensait trouver une fille élégante et grasse, et, brusquement, il se tourna.

Les hanches remontaient, en effet, élargies un peu ; sous le tablier, le ventre bombait ; examinée avec plus de soin, la figure lui parut un peu talée ; décidément, elle n’avait pas menti dans sa lettre.