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des fronts délivrés de rides, des nez affranchis de tannes !

Je n’étais décidément pas fait pour vivre en popote, au fond d’une province, soupirait maintenant Maître Le Ponsart, ébloui par ce défilé d’élégances qui se succédaient dans sa cervelle, — et il sourit, flatté au fond de constater, une fois de plus, qu’il possédait une âme de poète puis, l’association des idées le conduisit, à propos de femmes, à penser à celle qui était la cause de son voyage. — Je suis curieux de voir la péronnelle, se dit-il ; si j’en crois Lambois, ce serait une appétissante gaillarde, aux yeux fauves, une brune grasse ; eh, eh ! cela prouverait que Jules avait bon goût. Il essaya de se la figurer, créant de la sorte, au détriment de la véritable femme qu’il devait fatalement trouver inférieure à celle qu’il imaginait, une superbe drôlesse dont il détailla les charmes dodus en frissonnant.

Mais cette délectation spirituelle s’émoussa et il reprit son calme. Il consulta sa montre : l’heure n’étant pas encore venue de visiter la femme de son petit-fils, il pria le garçon de lui apporter des journaux ; il les parcourut sans intérêt. — Despotiquement, la femme revenait à la charge, culbutait sa volonté de se plonger dans la politique, restait seule implantée dans son cerveau et devant ses yeux.