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des hausse-cols et des caleçons d’allure japonaise, bleu indigo et bleu turquoise, lamés d’argent, à franges ; la femme, une Anglaise, fardée à outrance sous ses cheveux jaunes, un plantureux derrière saillant sur des jambes robustes, l’homme plus grêle en comparaison, la tête très peignée, les moustaches en crocs. Le fixe sourire des sydonies tournantes des coiffeurs erre sur leurs faces nettoyées d’hercules. L’homme s’élance sur une corde, se hisse jusqu’au trapèze qui pend devant la toile, au milieu de cordages et de vergues, entre des lustres, au plafond, et, assis sur la barre qui lui refoule la chair des cuisses, il exécute rapidement quelques tours de passe-passe, s’essuyant de temps à autre les mains à un mouchoir attaché à l’une des cordes.

La femme monte à son tour jusqu’au filet qui plie sous elle, le traverse d’un bout à l’autre, renvoyée à chaque pas comme un tremplin, ses nattes couleur soufre lui dansant en lumière sur la nuque, et, grimpée sur une petite plate-forme pendue au-dessus du balcon, posée en face de l’homme, séparée de lui par toute la salle, elle attend. Tous les yeux sont braqués sur elle.

Les deux jets de lumière électrique dardés sur son dos du fond des Folies l’enveloppent, se brisant au tournant de ses hanches, l’éclaboussant de la nuque aux pieds, la gouachant pour ainsi dire d’un contour d’argent, passant de là séparément au tra-