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de dessins et de peintures représentant des Italiennes et des almées, des bébés embrassés par des mères, des pages au Moyen Age grattant de la mandoline sous des balcons, toute une série évidemment Latins à l’ornementation des abat-jour, et il se détournait, passait, préférant encore regarder les photographies d’assassins, de généraux et d’actrices, de tous les gens qu’un crime, qu’un massacre ou qu’une chansonnette mettaient pendant une semaine en évidence.

Mais ces exhibitions étaient, en somme, peu récréatives, et M. Folantin, gagnant la rue de Beaune, admirait davantage l’inébranlable appétit des cochers attablés chez des mastroquets et il prenait comme une prise de faim. Ces platées de bœuf reposant sur des lits épais de choux, ces haricots de mouton emplissant la petite et massive assiette, ces triangles de brie, ces verres pleins, lui communiquaient des fringales et ces gens aux joues gonflées par d’énormes bouchées de pain, aux grosses mains tenant un couteau la pointe en l’air, au chapeau de cuir bouilli montant et descendant en même temps que les mâchoires, l’excitaient et il filait, tâchant de conserver cette impression de voracité pendant la route ; malheureusement dès qu’il s’installait dans le restaurant, sa forge se recroquevillait, et il contemplait piteusement sa viande, se demandant à quoi servait le quassia