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chands de vins et bouillons et, un jour par semaine, il s’échouait dans une fabrique de bouillabaisse. Le potage et le poisson étaient passables, mais il ne fallait point réclamer d’autre pitance, les viandes étant ratatinées comme des semelles de bottes et tous les plats dégageant l’acre goût des huiles à lampes.

Pour se raiguiser l’appétit, encore émoussé par les abjects apéritifs des cafés : — les absinthes puant le cuivre ; les vermouths : la vidange des vins blancs aigris ; les madères : le trois-six coupé de caramel et de mélasse ; les malagas : les sauces des pruneaux au vin ; les bitters : l’eau de Botot à bas prix des herboristes ; — M. Folantin essaya d’un excitant qui lui réussissait dans son enfance ; tous les deux jours, il se rendit aux bains. Cet exercice lui plaisait surtout parce qu’ayant deux heures à tuer, entre la sortie de son bureau et son repas, il évitait ainsi de rentrer chez lui, de demeurer tout botté, tout habillé, consultant sa pendule, attendant l’heure du dîner. Et, les premières fois, ce furent des moments délicieux. Il se blottissait dans l’eau chaude, s’amusait à soulever avec ses doigts des tempêtes et à creuser des maelströms. Doucement, il s’assoupissait, au bruit argentin des gouttes tombant des becs-de-cygnes et dessinant de grands cercles qui se brisaient contre les parois de la baignoire ; tressautant, alors