Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/190

Cette page n’a pas encore été corrigée

plus le ventre. — Parbleu, je ferais comme les autres, je m’attellerais à des copies, le soir, pour que ma femme fût mieux mise ; nous mangerions de la viande le matin seulement et, de même que la plupart des petits ménages, nous nous contenterions au dîner d’une assiettée de soupe. Qu’est-ce que toutes ces privations à côté de l’existence organisée, de la soirée passée entre son enfant et sa femme, de la nourriture peu abondante mais vraiment saine, du linge raccommodé, du linge blanchi et rapporté à des heures fixes ? — Ah ! Le blanchissage, quel aria pour un garçon ! — On me visite quand on a le temps et l’on m’apporte des chemises molles et bleues, des mouchoirs en loques, des chaussettes criblées de trous comme des écumoires et l’on se fiche de moi lorsque je me fâche ! — Et puis, comment tout cela finira-t-il, à l’hospice ou à la maison Dubois, si la maladie se prolonge ; ici, invoquant la pitié d’une garde-malade, si la mort est prompte.

« Trop tard... plus de virilité, le mariage est impossible. Décidément, j’ai raté ma vie. Allons, ce que j’ai de mieux à faire, soupira M. Folantin, c’est encore de me coucher et de dormir. » Et, pendant qu’il ouvrait ses couvertures, et disposait ses oreillers, des actions de grâces s’élevèrent dans son âme, célébrant les pacifiants bienfaits du secourable lit.