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paille, s’ils fréquentaient les cafés ou couraient les femmes.

Toujours est-il que Jean Folantin était né dans de désastreuses conditions ; le jour où la gésine de sa mère prit fin, son père possédait pour tout bien un dizain de petites pièces blanches. Une tante qui, sans être sage-femme, était experte à ce genre d’ouvrage, dépota l’enfant, le débarbouilla avec du beurre et, par économie, lui poudra les cuisses, en guise de lycopode, avec de la farine raclée sur la croûte d’un pain. — Tu vois, mon garçon, que ta naissance fut humble, disait la tante Eudore, qui l’avait mis au courant de ces petits détails, et Jean n’osait espérer déjà, pour plus tard, un certain bien-être.

Son père décéda très jeune et la boutique de papeterie qu’il exploitait rue du Four fut vendue pour liquider les dettes nécessitées par la maladie ; la mère et l’enfant se trouvèrent sur le pavé ; Madame Folantin se plaça chez les autres et devint demoiselle de magasin, puis caissière dans une lingerie et l’enfant devint pensionnaire dans un lycée ; bien que Madame Folantin fût dans une situation réellement malheureuse, elle obtint une bourse et elle se priva de tout, économisant sur ses maigres mois, afin de pouvoir parer plus tard aux frais des examens et des diplômes.

Jean se rendit compte des sacrifices que s’impo-