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Et pourtant on est bien sur le talus du chemin où je vais m’étendre ; la vie des champs est interrompue par la nuit qui tombe, la vieille église se profile au-dessus de la vallée que l’ombre illimite et creuse et l’on voit, au travers de sa nef, par les blanches verrières placées en face, les sombres fumées du firmament qui passent !

Mais la vision du présent ne s’arrête plus en moi ; alors, je cherche à ramener ma pensée en arrière, à me remémorer seulement les pacifiantes impressions éprouvées, la veille, sur une hauteur déserte où, seuls, parmi des blocs de granit, des genévriers poussaient au soleil leurs vertes aiguilles et leurs grains bleus.

Je ne puis amarrer non plus mon souvenir sur cette image, qui à peine évoquée s’efface. Je m’efforce enfin de rentrer en moi-même, de me visiter, d’étancher les soucis qui jaillissent, de refouler les angoisses que je sens sourdre, mais c’est en vain que je recours à de spécieuses croyances, à d’insinuantes raisons, à d’insidieux espoirs. Le pauvre. Maintenant, enfin exaucé, est déjà fini ; la sieste de mes souffrances est faite et toutes les haines, tous les mépris dont je suis abreuvé se lèvent et sonnent furieusement le boute-selle, alors que m’assaillent et me dominent ces obsédantes réclames de l’odieux journal :

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