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implorantes et douces, égarées dans des dynasties de barges rousses et de bihoreaux, dans des familles entières de hérons attendant on ne sait quoi, fichés sur une patte, rêvant peut-être à d’invraisemblables poissons empaillés comme elles.

Trois oiseaux essaient pourtant de rompre la pleurarde harmonie de ce tableau avec leurs plumes qui vibrèrent jadis de tons vifs : un oisillon d’un soufre sali qui a perdu son étiquette, un rollier figé tout gambadant dans son costume d’un affreux vert passé et un faisan sentimental et lyrique, l’or et le feu de ses plumes éteints.

En dépit de la triste et burlesque allure de ses hôtes, uniformément campés en rang d’oignons, au port d’armes, les pattes trop vernies, collées sur des plateaux de bois noir ou perchées sur des branches ornées de fausse mousse, cette vitrine contraste magnifiquement avec l’autre qui semble le décrochez-moi-ça d’une oisellerie de mélodrame.

Là, en effet, s’accumule sur une série de planchettes tout un ramas de bêtes sinistres et laides, des groupes de hiboux, ensevelis sous des couches de poussière, courbant des becs en sécateur, fronçant des ailes couleur d’amadou et de cendre, des chouettes nébuleuses, prétentieusement étiquetées sous le vocable latin « Strix nebulosa », des chouettes de l’Oural, avec des airs réfléchis d’aveugles, des grands ducs aux faces narquoises et féroces, des corbeaux