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LA RUE DE LA CHINE

À Jules Bobin

POUR les gens qui haïssent les bruyantes joies retenues toute la semaine et lâchées dans Paris, le dimanche ; pour les gens qui veulent échapper aux fastidieuses opulences des quartiers riches, Ménilmontant sera toujours une terre promise, un Chanaan de douceurs tristes.

C’est dans l’un des coins de ce quartier que s’étend la si extraordinaire et si charmante rue de la Chine. Encore qu’elle ait été tronquée et mutilée par la construction d’un hôpital qui ajoute le douloureux spectacle des souffrances humaines errant au-dessus de la route sur des préaux sans arbres et sans fleurs, à l’aspect discret et recueilli de ses maisonnettes encloses de palis et de haies, cette rue a néanmoins conservé la joyeuse allure d’une ruelle de campagne tout enluminée par des jardinets et par des bicoques.