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CERTAINS

les diverses incarnations de ses Vénus et de ses Priape, la Luxure, devenue plus tard un péché chrétien, se symbolisa dans la danse carnassière Hérodiades. Puis elle livra, comme des terres arables, au vieil Herseur de péchés, l’âme éperdue des Saints, supplicia dans leurs thébaïdes les solitaires, dévergonda, pendant des siècles, la pudeur résolue des cloîtres.

C’est elle aussi qui détermina les migrations des tribus, les écrasements des peuples, qui édifia sur des pilotis de phallus la chancelante histoire ; elle qui, à l’heure présente, tient le monde, peut, seule, lutter contre l’autre puissance du siècle, contre l’argent qui, entre les mains du plus ladre, vacille, quand la chair flambe !

Ce cric des masses charnelles, ce levier des âmes valait cependant que l’on décelât son mécanisme, qu’on démontât ses moyens, qu’on divulguât ses causes, qu’on le résumât catholiquement, si l’on peut dire, en d’ardentes et tristes images, qu’on substituât, au point de vue plastique, aux allégoriques déités du Paganisme, une Démone nouvelle, une Satane neuve.

Attardée dans l’enfantillage des variables poses révélant ce qu’un bégueulisme séculaire