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FÉLICIEN ROPS

sante, car, à se scruter, l’on découvre que, même en ne gardant pas une continence exacte, même en étant repu, même en éprouvant un sincère dégoût des joies sensuelles, l’on est encore troublé par des idées lascives.

C’est alors qu’apparaît ce phénomène bizarre d’une âme qui se suggère, sans désirs corporels, des visions lubriques.

Impurs ou non, les artistes dont les nerfs sont élimés jusqu’à se rompre, ont, plus que tous autres, constamment subi les insupportables tracas de la Luxure. Je ne parle pas ici de l’acte suscité par la Luxure même, de l’acte de fornication qui n’est que malpropre et qui témoigne simplement d’un tempérament plus ou moins excitable, de nerfs plus ou moins vibrants, de reins plus ou moins forts. Je ne parle même pas de la convoitise qui précède les labeurs vénériens et les réclame, car elle décèle seulement un éveil aisé des sens ou des réserves dociles et longtemps gardées ; je parle exclusivement de l’Esprit de Luxure, des idées érotiques isolées, sans correspondance matérielle, sans besoin d’une suite animale qui les apaise.

Et presque toujours la scène rêvée est iden-