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La vue d’une œuvre érotique, faite par un artiste d’un vrai talent, m’induit à d’obscures descentes dans des fonds d’âmes. Loin des nudités que j’eus tout d’abord un mélancolique plaisir à contempler, je rêve à leurs auteurs et je me demande à quelles impulsions, à quels sentiments ils obéirent, alors qu’ils exécutèrent de semblables œuvres.

Le point de vue vénal écarté, s’il s’agit d’un artiste que je sais probe, je dois repousser aussi le soupçon de mœurs infâmes, éloigner l’idée que ses tableaux reproduisent les épisodes de sa vie intime, car du moment que la débauche effective s’affirme, l’art exténué s’endort dans le coma des roquentins et meurt. Au reste, celui qui cède aux abois lubriques n’est guères en