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CERTAINS

promiscuités qu’il leur faut subir, dans les gouffres des âges révolus, dans les tumultueux espaces des cauchemars et des rêves.



Soyez certains encore que les artistes dont la cervelle est peu nomade, dont l’imagination casanière se rive à l’époque actuelle, n’éprouvent pas une exécration moins vive, un mépris moins sûr, s’ils sont des esprits supérieurs et non de ces âmes subalternes auxquelles s’adapte seule la méthode inaugurée par M. Taine.

Alors leur art évolue d’une façon différente ; il se concentre, se piète sur place et, dans des œuvres narquoises ou féroces, ils peignent ce milieu qu’ils abominent, ce milieu dont ils scrutent et expriment les laideurs et les hontes.

Et c’est le cas de M. Degas.

Ce peintre, le plus personnel, le plus térébrant de tous ceux que possède, sans même le soupçonner, ce malheureux pays, s’est volontairement exilé des exhibitions particulières et des lieux publics. Dans un temps où tous les peintres se ventrouillent dans l’auge des foules, il a,