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Toutes les fois que la clinique des Beaux-Arts expose, dans ses ambulances du quai Malaquais, les œuvres d’un peintre mort, je suis pris de peur. Constamment l’expérience rate. Delacroix même et Manet ne sont pas sortis intacts de cette bagarre zélée de toiles. Pour Corot, ce fut un désastre ; sa légère fumée de pipe avait fui et le rien du tout de ses tableaux apparaissait derrière ce brouillard dissipé d’un ciel unique dont on ignorait et la latitude et l’heure ; crépuscule ou lever de jour, brume de chaleur ou nuées de pluie, c’était tout un ; du gris noyant une ébauche de dessin, du gris réveillé par le coup de vermillon que frappait un personnage quelconque, coiffé d’un béret rouge ; quant à Courbet, ce