Page:Huysmans - Certains, 1908.djvu/157

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
153
LE MONSTRE

Dans un second album également dédié à la gloire de Flaubert, de même que dans un autre recueil intitulé « Les origines, » le peintre a encore projeté par d’analogues combinaisons ses monstres.

Dans l’un, il a semé la gésine du monde de monades volantes, de têtards en pousse, d’êtres amorphes, de disques minuscules où s’ébauchent des embryons de paupières, des trous incertains de bouches.

Dans l’autre, sous ce titre : « une longue chrysalide rouge, » il a, devant le parvis d’un improbable temple, roulé sur une colonne basse le corps d’une mince larve dont la tête de femme se pose à la place que doit occuper le chapiteau sur la plateforme.

Et cette face, émaciée, blême, navrante avec ses yeux clos, sa bouche douloureuse et pensive, semble vainement espérer, comme une victime sur un billot, la tombée libératrice d’une invisible hache.

En dépit de sa structure toute moderne, cette figure ramène à travers les siècles, par l’expression profonde, unique des traits, aux œuvres dolentes du moyen âge ; elle relie avec M. Redon