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LE MONSTRE

Garudu dont le torse masculin s’achève en la tête d’un volatile, le Yali qui tient du dragon et de l’ocelot ou du guépard.

En Grèce, la plupart des monstres naissent de l’accouplement d’Echidna, mi-femme, mi-serpent, avec le géant Typhon, au corps sillonné de vipères embusquées dans des taillis de plumes, à la bouche crachant des dards et mâchant des flammes. Ils enfantent la lignée célèbre : Orthros le chien bicéphale, le Dragon aux cent têtes des Hespérides, le Python aux cent bouches, l’Hydre de Lerne, la Chimère et la Gorgone, le Sphynx, dont la structure bestiale et humaine est la plus compliquée de toutes.

En somme, si l’on excepte les colosses terrestres, les Titans et les Hécatonchires, c’est-à-dire la forme normale déformée ou agrandie et montant jusqu’au ciel, c’est au serpent amplifié, au dragon, que la mythologie grecque recourt pour créer ses monstres.

Au moyen âge, le dragon se perpétue, surgit à peine modifié depuis les temps antiques dans les sculptures des cathédrales et les vies de saints. Il a l’apparence d’un serpent ailé, ploie une échine griffée de crocs, brandit dans la