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CERTAINS

boliser les divinités mauvaises et le crime, et susciter l’horreur.

L’antiquité les rêve de structure énorme mais relativement simple. En Assyrie, ce sont des taureaux, tiares, androcéphales, à ailes d’aigles, des dragons volants, des mammifères à museaux de fauves. Bérose nous a conservé la description des monstres qui, d’après la genèse chaldéenne, peuplaient la terre : c’étaient des hommes avec des jambes et des cornes de chèvre, des hermaphrodites à sabots de cheval, des chiens à quatre corps et à queue de poisson, des hippocentaures, des juments à mufle de molosse, des bêtes tenant de l’esturgeon et du reptile.

En Egypte, les Canopes ont des têtes d’épervier, de chacal et d’homme ; la Touéris qui protégeait les gésines était un hippopotame à ventre et à seins de femmes ; nombre de statuettes nous montrent, plantées sur des troncs humains, des gueules de léopards et de lionnes. Dans l’Inde, ce sont des êtres gigantesques pourvus de mille têtes, armés de défenses de sangliers, hérissés par d’innombrables bras. Au Cambodge, l’art Kmer invente également d’improbables bêtes, l’oiseau Krouts qui tourne au griffon, le