Page:Huysmans - Certains, 1908.djvu/137

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
133
JAN LUYKEN

effusion et sans tendresse, une exaltation comprimée d’apôtre, un fanatisme de folie mystique, une furie d’art obsédé par les sanglantes visions d’une idée fixe. Et cela concorde avec les épisodes de sa vie que j’ai déjà relatés dans : À Rebours. Au temps de sa jeunesse, il fut poète et paracheva des poèmes libertins dont le succès fut grand ; puis la grâce vint, mais la grâce farouche et terrible des protestants ; pris de remords, il racheta tous les exemplaires de ses livres pour les brûler ; mais, à mesure qu’il consumait un exemplaire, un autre paraissait, tiré à nouveau par l’éditeur. Il devint enfin complètement illuminé, donna ses biens aux pauvres et s’embarqua avec une servante fanatisée par lui, sur un bateau, ne mangeant plus, prêchant la bonne parole, chantant des psaumes, clamant, hagard, par les villes étonnées, des prophéties et des menaces.