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JAN LUYKEN

lés, des portes béantes, des croisées ouvertes et des femmes, des enfants écrasés contre les murs, arrachés des corridors, piétinés à coups de bottes, assommés à coups de marteaux et de rames, percés à coups de dagues ; des gens chassés sur les toits, s’accrochant aux cheminées en grappes, glissant dans les gouttières, délogés à coups d’arquebuses, lancés à tour de bras par les fenêtres, achevés par une troupe de bateliers et de reîtres.

Sous le vent d’une panique qu’accélèrent le mugissement des tocsins et le fracas des trompettes et des caisses, des familles fuient que les assassins atteignent ; des femmes à genoux joignent les mains, supplient, abritent des enfants qui pleurent ; des moribonds se soulèvent sur un coude et implorent avec des bouches sans voix et des mains qui pendent ; d’autres, étendus, essaient encore de se défendre, tandis qu’enseignes déployées et tambour battant, des hallebardiers s’avancent vers Coligny, décapité, nu, traîné au galop par un attelage de forcenés qui braillent des vivats le chapeau en l’air.

Un souffle mou, un peu salé d’abattoir imprègne cette planche dans laquelle la Seine, que