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CERTAINS

ces eaux-fortes si misérablement réduites pour les besoins du tirage de l’édition Lemerre, mais bien des originaux, des vernis mous, dans lesquels l’artiste a pu, en se libérant de la minutie d’un format de poche, travailler sur de valables planches.

À ne citer que les plus curieux, voici d’abord deux postfaces qui traitent le même sujet : « La prostitution et la folie dominant le monde. »

Dans l’un, une femme à pieds de chèvre, debout, sur l’un des pôles de la terre émerge d’une nuit semée d’étoiles. Nue jusqu’aux cuisses, elle avance une tête laide et pourtant jolie, sourit avec la grâce provocante d’une garçonne ivre, arrondit des yeux turbulents, ouvre une bouche qui crie des ordures de barrières et hue le firmament, tandis que, d’un geste crapuleux, elle se remue le chignon d’un tour de poing. Elle fleure le trottoir et le bagne, évoque l’image de la pierreuse qui joue du couteau dans les terres vagues. Derrière elle, une Folie capripède, sous les traits d’une vieille femme, glisse son bras sous le sien, lui découvre le ventre, regarde sous son bonnet à grelots et à pointes,