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CERTAINS

de cervelle de chat ou de petit ânon, de ventre d’hyène, de parties génitales de loups et surtout d’hippomane qui coule des parties des chevales lorsqu’elles sont en chaleur. » Puis, à la chevauchée dans les nues succède la descente dans la clairière où le Diable, sous la forme du Satyre ou du Bouc, tend sa fesse, noire et velue, qu’on baise ; tout autour, les enfants promènent des crapauds autour des mares, car, dit Lancre, « Satan les tient éloignés de peur de les rebuter pour jamais, par l’horrible vue de tant de choses. » Et la messe noire se célèbre sur la croupe nue d’une femme ; l’on banquette, l’on se gave de soupe humaine, de chair d’enfant dont on suce le sang par le nombril et la nuque ; l’on mâche les os qui, depuis une année, cuits avec certaines herbes sont devenus mous comme des raves. Privé du sel qui empêche la corruption, le pain est fait avec ces épis que la rouille a frappés et dans lesquels fermentent des graines de maladies, des germes de mort ; le vin est un vin furieux dont les vignes ont crû dans la cendre tiède des volcans ; les blasphèmes s’élèvent, l’on communie avec la noire hostie estampée d’un bouc, les torches s’éteignent,