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CERTAINS

Parallèlement à ces œuvres que M. Rodin transpose souvent dans ses sculptures, alors que M. Rops dessine la réalité authentique et brute, je l’aime moins ; en effet, sous ses paysans, l’influence de Millet se sent, et lorsqu’il aborde la femme habillée, moderne, l’être contemporain, la véridique fille, il semble attardé et n’atteint pas au pouvoir de réalité, aux irruptions de vie, au cri méchant de ce prodigieux Degas ; je lui préfère aussi, je dois le dire, M. Forain, dont le sens parisien est autrement sûr ; par contre, dès qu’il allégorise et synthétise la femme, dès qu’il la distrait d’un milieu réel, il devient tout de suite inimitable.

Dans ce genre, l’on peut noter l’adorable créature qu’il a, avec quelques variantes, par trois fois reproduite dans le postface des « Sonnets du Docteur, » dans le menu de Mlle Doucé et celui de Mme Dulac.

Elle se profile, dodue, coiffée d’un chapeau à fleurs, en chemise et les seins nus, gantée jusqu’aux biceps de longs gants noirs, chaussée de bas de soie, à raies. Avec sa margoulette régulière, un peu peuple, ses yeux où pétille le moût fringant des noces, sa bouche mauvaise et