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chroniques de l’anonyme de saint Gall, de Fréculfe et de Réginon, du poème sur le siège de Paris tissé par Abbo le Courbé, de l’Hortulus, le poème didactique du bénédictin Walafrid Strabo, dont le chapitre consacré à la gloire de la citrouille, symbole de la fécondité, le mettait en liesse ; du poème d’Ermold le Noir, célébrant les exploits de Louis le Débonnaire, un poème écrit en hexamètres réguliers, dans un style austère, presque noir, dans un latin de fer trempé dans les eaux monastiques, avec, çà et là, des pailles de sentiment dans le dur métal ; du De viribus herbarum, le poème de Macer Floridus, qui le délectait particulièrement par ses recettes poétiques et les très étranges vertus qu’il prête à certaines plantes, à certaines fleurs : à l’aristoloche, par exemple, qui, mélangée à de la chair de bœuf et placée sur le bas-ventre d’une femme enceinte, la fait irrémédiablement accoucher d’un enfant mâle ; à la bourrache qui, répandue en infusion dans une salle à manger, égaye les convives ; à la pivoine dont la racine broyée guérit à jamais du haut mal ; au fenouil qui, posé sur la poitrine d’une femme, clarifie ses eaux et stimule l’indolence de ses périodes.

À part quelques volumes spéciaux, inclassés, modernes ou sans date ; certains ouvrages de kabbale, de médecine et de botanique ; certains tomes dépareillés de la patrologie de Migne, renfermant des poésies chrétiennes introuvables, et de l’anthologie des petits poètes latins de Wernsdorff, à part le Meursius, le manuel