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tentés pour inventer des liaisons spirituelles plus inédites et pour remédier à cette immémoriale jouissance qui se répercute, de siècles en siècles dans l’assouvissement plus ou moins ingénieux des couples.

Bien qu’elle vécût parmi nous et qu’elle fût bien et de vie et de corps de notre temps, la Faustin était, par les influences ancestrales, une créature du siècle passé, dont elle avait les épices d’âme, la lassitude cérébrale, l’excèdement sensuel.

Ce livre d’Edmond de Goncourt était l’un des volumes les plus caressés par des Esseintes ; et, en effet, cette suggestion au rêve qu’il réclamait, débordait de cette œuvre où sous la ligne écrite, perçait une autre ligne visible à l’esprit seul, indiquée par un qualificatif qui ouvrait des échappées de passion, par une réticence qui laissait deviner des infinis d’âme qu’aucun idiome n’eût pu combler ; puis, ce n’était plus la langue de Flaubert, cette langue d’une inimitable magnificence, c’était un style perspicace et morbide, nerveux et retors, diligent à noter l’impalpable impression qui frappe les sens et détermine la sensation, un style expert à moduler les nuances compliquées d’une époque qui était par elle-même singulièrement complexe. En somme, c’était le verbe indispensable aux civilisations décrépites qui, pour l’expression de leurs besoins, exigent, à quelque âge qu’elles se produisent, des acceptions, des tournures, des fontes nouvelles et de phrases et de mots.