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XIII



La saison allait en se détraquant ; toutes se confondaient, cette année-là ; après les rafales et les brumes, des ciels chauffés à blanc, tels que des plaques de tôle, sortirent de l’horizon. En deux jours, sans aucune transition, au froid humide des brouillards, au ruissellement des pluies, succéda une chaleur torride, une atmosphère d’une lourdeur atroce. Attisé comme par de furieux ringards, le soleil s’ouvrit, en gueule de four, dardant une lumière presque blanche qui brûlait la vue ; une poussière de flammes s’éleva des routes calcinées, grillant les arbres secs, rissolant les gazons jaunis ; la réverbération des murs peints au lait de chaux, les foyers allumés sur le zinc des toits et sur les vitres des fenêtres, aveugla ; une température de fonderie en chauffe pesa sur le logis de des Esseintes.

À moitié nu, il ouvrit une croisée, reçut une bouffée de fournaise en pleine face ; la salle à manger, où il se réfugia, était ardente, et l’air raréfié bouillait. Il s’assit, désolé, car la surexcitation qui le soutenait, depuis qu’il se plaisait à rêvasser, en classant ses livres, avait pris fin.

Semblable à tous les gens tourmentés par la névrose,