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j’ai essayé de reconstituer en ses grandes lignes dans mon volume sur la basilique de Chartres.

Le chapitre d’À Rebours n’est donc que superficiel et à fleur de chaton. Il n’est pas ce qu’il devrait être, une joaillerie de l’au-delà. Il se compose d’écrins plus ou moins bien décrits, plus ou moins bien rangés en une montre, mais c’est tout et ce n’est pas assez.

La peinture de Gustave Moreau, les gravures de Luyken, les lithographies de Bresdin et de Redon sont telles que je les vois encore. Je n’ai rien à modifier dans l’ordonnance de ce petit musée.

Pour le terrible chapitre vi dont le chiffre correspond, sans intentions préconçues, à celui du Commandement de Dieu qu’il offense, et pour certaines parties du ixe qui peuvent s’y joindre, je ne les écrirais plus évidemment de la sorte. Il eût au moins fallu les expliquer, d’une façon plus studieuse, par cette perversité diabolique qui s’ingère, au point de vue luxurieux surtout, dans les cervelles épuisées des gens. Il semble, en effet, que les maladies de nerfs, que les névroses ouvrent dans l’âme des fissures par lesquelles l’Esprit du Mal pénètre. Il y a là une énigme qui reste illucidée ; le mot hystérie ne résout rien ; il peut suffire à préciser un état matériel, à noter des rumeurs irrésistibles des sens, il ne déduit pas les conséquences spirituelles qui s’y rattachent et, plus particulièrement, les péchés de dissimulation et de mensonge, qui presque toujours s’y greffent. Quels sont les tenants et les aboutissants de cette maladie peccamineuse, dans quelle proportion s’atténue la responsabilité de l’être atteint dans son âme d’une sorte de possession qui vient s’enter sur le désordre de son malheureux corps ? Nul ne le sait ; en cette matière, la médecine déraisonne et la théologie se tait.

À défaut d’une solution qu’il ne pouvait évidemment