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Saint-Amand. Plus tard, avec la myrrhe, l’oliban, les senteurs mystiques, puissantes et austères, l’allure pompeuse du grand siècle, les artifices redondants de l’art oratoire, le style large, soutenu, nombreux, de Bossuet et des maîtres de la chaire, furent presque possibles ; plus tard encore, les grâces fatiguées et savantes de la société française sous Louis XV, trouvèrent plus facilement leur interprète dans la frangipane et la maréchale qui donnèrent en quelque sorte la synthèse même de cette époque ; puis, après l’ennui et l’incuriosité du premier Empire, qui abusa des eaux de Cologne et des préparations au romarin, la parfumerie se jeta, derrière Victor Hugo et Gautier, vers les pays du soleil ; elle créa des orientales, des selam fulgurants d’épices, découvrit des intonations nouvelles, des antithèses jusqu’alors inosées, tria et reprit d’anciennes nuances qu’elle compliqua, qu’elle subtilisa, qu’elle assortit ; elle rejeta résolument enfin, cette volontaire décrépitude à laquelle l’avaient réduite les Malesherbes, les Boileau, les Andrieux, les Baour-Lormian, les bas distillateurs de ses poèmes.

Mais cette langue n’était pas demeurée, depuis la période de 1830, stationnaire. Elle avait encore évolué, et, se modelant sur la marche du siècle, elle s’était avancée parallèlement avec les autres arts ; s’était, elle aussi, pliée aux vœux des amateurs et des artistes, se lançant sur le Chinois et le Japonais, imaginant des albums odorants, imitant les bouquets de fleurs de