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Angleterre, sur les peccadilles libertines, sur les salaces apprêts que l’Église désapprouve ; une commotion le frappa ; l’anaphrodisie de sa cervelle et de son corps qu’il avait crue définitive, se dissipa ; la solitude agit encore sur le détraquement de ses nerfs ; il fut une fois de plus obsédé non par la religion même, mais par la malice des actes et des péchés qu’elle condamne ; l’habituel sujet de ses obsécrations et de ses menaces le tint seul ; le côté charnel, insensible depuis des mois, remué tout d’abord, par l’énervement des lectures pieuses, puis réveillé, mis debout, dans une crise de névrose, par le cant anglais, se dressa et la stimulation de ses sens le reportant en arrière, il pataugea dans le souvenir de ses vieux cloaques.

Il se leva et, mélancoliquement, ouvrit une petite boîte de vermeil au couvercle semé d’aventurines.

Elle était pleine de bonbons violets ; il en prit un, et il le palpa entre ses doigts, pensant aux étranges propriétés de ce bonbon praliné, comme givré de sucre ; jadis, alors que son impuissance était acquise, alors aussi qu’il songeait, sans aigreur, sans regrets, sans nouveaux désirs, à la femme, il déposait l’un de ces bonbons sur sa langue, le laissait fondre et soudain, se levaient avec une douceur infinie, des rappels très effacés, très languissants des anciennes paillardises.

Ces bonbons inventés par Siraudin et désignés sous la ridicule appellation de « Perles des Pyrénées » étaient une goutte de parfum de sarcanthus, une