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le quartier saint-séverin

et sa femme, ramant sur un fleuve, tandis que le lépreux qu’ils ont recueilli se tient debout, dans la barque, la tête encapuchonnée et cerclée d’un nimbe. Or, ce sujet ne se peut rapporter qu’à l’histoire de saint Julien le Pauvre, telle qu’elle nous est narrée par Jacques de Voragine et saint Antonin de Florence.

La vérité, c’est qu’il y a eu très probablement confusion entre les deux célicoles, dont on a mélangé les vies, en assignant à saint Julien le Pauvre la mort sanglante subie par son homonyme de l’Auvergne.

Maintenant, avant de visiter l’église même, nous allons noter brièvement, d’après une très substantielle monographie de M. Le Brun, les diverses aventures qui lui survinrent. Elle existait déjà en 507 et elle est, par conséquent, sinon la plus ancienne, au moins l’une des plus vieilles églises de Paris. Ruinée en 886 par les Normands, elle fut, dans les dernières années du XIIe siècle, rebâtie par les moines de Longpont et promue chapelle du prieuré qu’ils fondèrent. De ce cloître qui contint jusqu’à cinquante religieux, il ne reste aucun vestige, et les quelques renseignements que l’on possède sur ses habitants concernent surtout d’interminables procès dont l’intérêt est aujourd’hui à peu près nul ; ils finirent par se disperser au xviie siècle, quand leur prieuré et leur chapelle furent rattachés au service de l’Hôtel-Dieu, et le sanctuaire dans lequel