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le quartier saint-séverin

grèrent au dix-septième siècle à la Râpée, et elle n’est plus qu’une suite ininterrompue de buvettes et de garnis où logent à la nuit des mendigots et des filles.

À sa naissance même, alors que la rue de la Huchette se meurt sur la place du Petit-Pont, elle chemine et zigzague entre les constructions de l’Hôtel-Dieu et tout s’effondre ; des madriers soutiennent le ventre de ces bâtisses, grillagées, telles que des prisons, tannées comme par des fumées d’incendies, trouées en bas, dans leurs murs tachés de suie, d’anciens porches, de vieilles bouches dont les caries sont obturées avec les dessertes des gravats et les rebuts des plâtres. Un pont couvert qui enjambe, à une hauteur d’un étage, la chaussée, rejoint les deux tronçons de ces ruines ; cette rue barbouillée de noir, ainsi qu’une charbonnière, se tord, à moitié saoule, entre deux haies de salles où l’on souffre.

Elle est tranchée sur son parcours, d’abord par la rue de Saint-Julien-le-Pauvre, puis par cette rue du Feurre ou du Fouarre qui n’a plus gardé que cinq ou six maisons, tout le reste ayant disparu dans la brèche ouverte par la rue Lagrange. Dans cette rue du Fouarre demeurait, au treizième siècle, une ribaude nommée Nicole ; c’est à peu près tout ce que nous confie, sur cette sente, le poète Guillot : successivement, elle s’appela rue des Écoliers, rue des Écoles, rue du Feurre ou du