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le quartier saint-séverin

filles ; mais elles ne s’y confinèrent point et envahirent peu à peu tout le quartier. Dans son poème du « Dit des rues de Paris », Guillot les dénombre complaisamment. Partout, dans son passage au travers de cette paroisse, il les rencontre. En homme obligeant, il recommande de ne pas s’attarder auprès d’une telle, hoche la tête devant une autre, déclare qu’une troisième est de « corps gent ». En quelques mots, il nous montre les fenestrières et les pierreuses de son temps.

Que fut ce Guillot qui, en un indigent écrit, recensa les « bouticles à péchés » de notre ville ? Nul ne le sait, au juste ; une ancienne chronique nous révèle pourtant qu’il fut un incomparable cocu et un pieux homme, et c’est tout. Ses renseignements sont, en somme, succincts, et ils seraient insuffisants pour nous donner un aspect du quartier Saint-Séverin, si la Taille de Paris sous Philippe le Bel, éditée en 1837, par M. Géraud, chez Crapelet, ne nous permettait de connaître, par le détail, les maisons, les métiers, les habitants même de chaque rue.

Les noms de ces rues, à peine altérés, figurent encore sur l’émail bleu des plaques. Pourtant, dans cette Taille de Paris, la rue de la Huchette manque, mais nous savons que, tracée sur l’emplacement d’un vignoble appelé le clos Laas, elle existait à cette époque et devait le parrainage de son nom à la marque bien connue